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bération l’acquittement d’Apronius, mais auraient cherché les moyens de punir le demandeur au profit d’Apronius lui-même.

XIII. Après que, grâce à vous, toute licence de piller les laboureurs eut été donnée aux décimateurs, e’est-à-dire à Apronius, en l’autorisant à demander ce qu’il voudrait, et à enlever ce qu’il aurait demandé, comptiez vous véritablement que ce serait pour vous un moyen de défense, en cas d’accusation, de pouvoir dire que par votre édit vous aviez promis des commissaires qui forceraient à restituer huit fois la valeur ? Oui, quand ce serait parmi nos citoyens les plus distingués et les plus honorables établis à Syracuse, que vous auriez laissé aux laboureurs la liberté non pas seulement de récuser, mais de choisir à leur gré des commissaires, ne serait-ce pas encore une injustice inouïe, intolérable, de forcer le laboureur à livrer d’abord toute sa récolte au publicain, et à se dessaisir de sa propriété, sauf à lui à réclamer ensuite et à poursuivre ses droits devant les tribunaux ? Mais ici les mots sont démentis par les faits. Si votre édit permet le recours en justice, il n’en est pas moins vrai qu’il y a collusion entre vos infâmes satellites et les décimateurs, qui ne sont autre chose que vos associés, ou plutôt vos agens. Et vous osez parler de ce prétendu tribunal! Vaine défense qui, à défaut de nos argumens, tomberait d’elle-même devant les faits, puisque, malgré tant de vexations et d’injustices commises sur les laboureurs par les décimateurs, il n’est résulté de votre admirable édit aucun arrêt prononcé ni même requis!

Cependant Verrès sera plus indulgent à l’égard des laboureurs qu’il ne le paraît ; car, si par son édit les