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que Verrès ; enfin, l’odeur infecte qu’exhalaient la bouche et le corps d’Apronius, et qui, comme on dit, était insupportable aux animaux eux-mêmes (11), semblait à Verrès le parfum le plus délicieux. Apronius, au tribunal, s’asseyait le plus près de lui, il ne quittait point la chambre à coucher du préteur, et faisait les honneurs de sa table, surtout dans ces festins où, malgré la présence du jeune fils du préteur (12) Apronius se mettait à danser tout nu.

X. C’est lui, comme je le disais, que Verrès avait choisi pour être son principal agent de l’oppression et de la spoliation des laboureurs. Oui, juges, apprenez-le, c’est à l’audace, à la scélératesse, à la cruauté de ce misérable, que nos alliés les plus fidèles, que d’excellens citoyens ont été livrés et comme dévoués en vertu d’une nouvelle jurisprudence et de nouveaux édits, et, comme je l’ai dit plus haut, au mépris de la loi d’Hiéron, que Verrès a rejetée et réprouvée dans toutes ses dispositions.

Écoutez, juges, son premier édit ; il est curieux : Tout ce que le décimateur aura déclaré lui être du pour la dîme, le laboureur sera tenu de l’acquitter. Quoi donc! tout ce qu’Apronius demandera, il faudra le donner ! Est-ce là l’ordonnance d’un préteur en faveur des alliés, ou bien le décret d’un vainqueur insolent pour des ennemis vaincus, ou l’ordre absolu d’un tyran ? Quoi ! je donnerai tout ce qu’il demandera! Il demandera tout ce que j’aurai récolté. Que dis-je, tout ? plus encore, s’il le veut. Mais ensuite ? — Eh bien! ou vous donnerez, ou vous serez puni comme ayant contrevenu à l’édit — Au nom des dieux! vous exagérez ; cela n’est pas vraisemblable. — Je le pense comme vous, juges : quoiqu’il n’y ait rien dont cet homme ne soit