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voit à l’extrémité un théâtre spacieux, ainsi que deux temples d’une belle architecture, dédiés l’un à Cérès, l’autre à Proserpine ; enfin une statue d’Apollon surnommé Téménitès, très-belle et très-grande (78), que Verrès n’aurait pas manqué d’enlever si le transport en eût été possible[1].

xx LIV. Je reviens maintenant à Marcellus, et vous reconnaîtrez que ce n’est pas sans motif que je suis entré dans tous ces détails. Entré de vive force dans cette superbe ville à la tête de ses troupes, il ne crut pas que la gloire du peuple romain fût intéressée à la destruction, à l’anéantissement de tant de chefs-dœuvre dont on ne pouvait craindre aucun danger : aussi épargna-t-il les édifices publics et particuliers, sacrés et profanes, avec autant de soin que s’il fût venu à la tête de son armée pour les défendre et non pour les conquérir. Quant aux ornemens de la ville, il sut concilier les droits de la victoire et ceux de l’humanité. Si la victoire l’autorisait à envoyer à Rome beaucoup d’objets qui pouvaient l’embellir, l’humanité lui défendait de dépouiller entièrement une ville qu’il s’était estimé heureux de sauver. Dans cette répartition de chefs-d’œuvre, Marcellus, au nom de sa victoire, n’en réclama pas plus, pour le peuple romain, que son humanité n’en réserva pour les Syracusains. Ceux qu’il fit transporter à Rome, nous les voyons encore auprès du temple de l’Honneur et de la Vertu (79), ainsi qu’en d’autres lieux. Du reste, il ne plaça rien dans ses maisons, ni dans ses jardins, à Rome ou à la campagne : il pensait que, s’il n’emportait pas dans sa demeure les

  1. Ici finit le manuscrit de M. Gueroult pour la Verrine De signis. Le reste a été suppléé par l’éditeur, M. Ch. Du Rozoir.