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portant le nom de Myron, gravé sur la cuisse en très petits caractères d’argent, n’a-t-elle pas été enlevée d’un temple d’Esculape en grande vénération ? Ce vol, commis en secret, juges, par quelques bandits auxquels Verrès confia la conduite et l’exécution de cette entreprise sacrilège, souleva d’indignation toute la ville. D’un seul coup, en effet, les Agrigentins avaient à regretter un présent de Scipion l’Africain, l’objet de leur culte, l’ornement de leur ville, le monument de nos victoires, le gage de leur alliance avec Rome. Leurs premiers magistrats donnèrent ordre aux questeurs et aux édiles de veiller pendant la nuit à la garde des temples. Comme Agrigente compte une population immense et courageuse, et que les citoyens romains, pleins d’énergie, de résolution et d’honneur, que fixent dans cette ville des intérêts commerciaux, vivent en parfaite intelligence avec les habitans, Verrès n’osait prendre ni demander ouvertement ce qui avait excité sa convoitise.

Dans Agrigente encore est un temple assez voisin de la place, et singulièrement célèbre par le pieux concours des adorateurs. On y remarque une statue d’Hercule, la plus belle, pourrais-je dire, que j’aie vue, si toutefois l’obligation où je me suis trouvé de voir passer sous mes yeux tant de chefs-d’œuvre en ce genre pouvait me donner le droit d’en juger. La dévotion des Agrigentins pour leur Hercule va si loin, qu’ils lui ont usé le menton et la bouche (72) à force de joindre des baisers à leurs hommages dans les prières et les actions de grâces qu’ils lui adressent. Verrès était à Agrigente. Tout à coup, au milieu d’une