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tection des gens de bien qui sont absens ? Est-ce seulement un trait de cette insolence, de cet orgueil, de cette arrogance qui vous caractérisent ? Vous avez cru apparemment que par vous les Marcellus seraient dépossédés du haut rang qu’ils occupent ; aussi les Marcellus ne sont-ils plus les patrons de la Sicile : Verrès a pris leur place.

xx Quels sont donc en vous les qualités, le mérite éminent (70), qui vous rendent assez vain pour prétendre que la noble clientelle d’une si belle province descende jusqu’à vous, et soit ravie à des patrons si dévoués et si anciens ? Quoi ! homme pervers, sans capacité, sans énergie, pourriez-vous être le patron, je ne dis pas de la Sicile entière, mais du dernier des Siciliens, vous qui de la statue de Marcellus avez fait un chevalet pour les cliens de sa maison, vous par qui le monument de sa gloire est devenu un instrument de supplice pour ceux qui lui avaient rendu cet hommage ! Sur ce pied-là, quel devait être, dans votre pensée, le sort de vos statues ? prévoyiez-vous alors ce qui leur est arrivé ? Car enfin cette statue que les Tyndaritains avaient érigée à Verrès à côté des Marcellus, et même sur un piédestal plus élevé, qu’est-elle devenue, juges ? Ils ont couru l’abattre dès qu’ils ont su qu’il avait un successeur.

xx XLII. Ainsi la fortune des Siciliens a voulu que Caïus Marcellus fût un de vos juges, afin que celui dont la statue servait sous votre préture à tenir les Siciliens garrottés, nous vît à son tour livrer Verrès à la justice, enlacé de toutes parts, et sans nul moyen d’échapper. N’avait-il pas d’abord prétendu que ce Mercure avait été vendu par les Tyndaritains à C. Marcellus Éserninus (71) ? Il se flattait que Marcellus, pour l’obliger, appuierait son mensonge.