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Scipion, à soutenir l’éclat de votre auguste maison ; vous le pouvez, car on voit réunis en vous tous les dons de la fortune et de la nature. Non, je ne vous ravirai point l’avantage de remplir un si noble devoir ; non, je ne prétends point briller aux dépens de la gloire qui vous appartient. Oui, lorsqu’un P. Scipion, plein de jeunesse et de vertus, vit au milieu de nous, je rougirais de me déclarer le protecteur et le vengeur des monumens de P. Scipion. Si donc vous prenez en main la défense de votre maison attaquée dans sa gloire, non-seulement je garderai le silence sur ces monumens, mais je me féliciterai de voir Scipion l’Africain assez favorisé du destin même après sa mort, pour trouver, parmi ses descendans, un défenseur de sa gloire, sans avoir besoin du secours d’un étranger. Mais si votre amitié pour un scélérat vous arrête, si vous pensez que ce que j’exige de vous n’est point pour vous un devoir, alors j’oserai prendre ici votre place ; alors je me chargerai d’un emploi que je croyais m’être étranger, afin que notre illustre noblesse ne cesse pas de se plaindre que le peuple romain a été, comme il est toujours, disposé à confier les honneurs aux hommes nouveaux pour prix de leurs efforts généreux. Mais doit-on se plaindre que dans une république devenue par la vertu la souveraine de toutes les nations, la vertu soit le titre le plus puissant ? Que d’autres gardent dans leur palais l’image de Scipion l’Africain ; que d’autres se décorent du nom et des titres d’un homme qui n’est plus : moi, je maintiens que s’il fut un grand homme, s’il a si bien mérité du peuple romain, ce n’est pas pour une seule famille, mais pour la république entière, que sa mémoire doit être un dépôt précieux. Oui, je prétends la défendre pour ma part, parce que je suis citoyen