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visiter une province du peuple romain, et il en a été chassé avec ignominie ! Que penseront les nations étrangères ? que diront les rois et leurs sujets, lorsque la renommée, qui publiera votre crime, Verrès, jusques aux régions les plus lointaines, leur apprendra qu’il s’est trouvé un préteur qui, dans sa province, a pu outrager un roi, dépouiller un hôte, chasser un allié, un ami du peuple romain ? Votre nom, juges, et celui de Rome, deviendraient, ne vous y trompez pas, en horreur, en exécration dans toutes les contrées du monde, si vous laissiez un pareil attentat impuni. On croira, et la réputation que se sont faite nos magistrats par leur avarice et leur cupidité, n’a déjà que trop établi cette opinion ; on croira que c’est ici le crime, non pas d’un seul homme, mais de tous ceux qui auront protégé le coupable. Beaucoup de rois, beaucoup de villes libres, beaucoup de particuliers riches et puissans, sont dans l’intention d’orner le Capitole d’une manière qui réponde à la majesté de ce temple et à la gloire de notre empire. S’ils reconnaissent que vous avez puni avec rigueur l’enlèvement frauduleux de cette offrande royale, ils auront lieu de penser que leur zèle et leurs présens vous sont agréables, comme au peuple romain ; mais s’ils apprennent qu’un monarque si illustre, un objet si important, une injure si révoltante, vous ont trouvés indifférens, ils ne seront pas assez dépourvus de raison pour consacrer leurs peines, leurs soins, leurs richesses à vous offrir des présens dont ils seront persuadés que vous ne leur aurez aucune obligation.

XXXI. Ici, Q. Catulus (60*), c’est à vous que je m’adresse ; car je parle de votre auguste et magnifique monument. Ce n’est pas seulement la sévérité d’un juge que vous