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se trouvât au pouvoir de Calidius plutôt que dans vos mains ?

XXI. C’est le laisser trop long-temps triompher aux dépens de Calidius, et répéter à qui veut l’entendre : J’ai acheté. Avez-vous aussi acheté la cassolette de L. Papirius, chevalier romain d’un mérite distingué, riche et plein d’honneur ? Cependant il a déclaré, dans sa déposition, qu’après lui avoir demandé cette pièce pour l’examiner, Verrès la renvoya dégarnie de tous ses reliefs, apparemment, juges, afin que vous ne pussiez douter que c’est en lui une affaire de goût et non d’avidité, et que dans ces objets il préfère à la richesse de la matière la perfection du travail. Papirius n’est pas le seul envers qui il ait montré cette espèce de désintéressement. Verrès s’est conduit de même pour toutes les cassolettes qui se trouvaient alors en Sicile ; et l’on ne saurait s’imaginer quel en était le nombre et la beauté. Il faut croire que la Sicile, au temps de sa puissance et de sa gloire, était comme le centre des productions de l’art ; car, avant la préture de Verrès, il n’y avait pas de maison un peu aisée qui n’eût au mois en argenterie un grand plat orné de reliefs et d’images de divinités ; une coupe dont se servaient les femmes dans les cérémonies religieuses ; enfin une cassolette (48). Ces pièces étaient dans le goût antique, et d’un travail admirable. De là on peut conjecturer qu’autrefois tous les autres ornemens étaient, en proportion, aussi communs chez les Siciliens ; et que si la fortune leur en avait enlevé une partie, ils avaient du moins conservé ceux que la religion avait consacrés.

Je vous ai dit, juges, qu’il y avait beaucoup de ces objets précieux dans presque toutes les maisons de la Sicile. Aujourd’hui il n’en reste pas un seul ; oui, je le dis avec as-