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pitée dans les abîmes de la mer ! vous n’avez point purifié cette place avant de porter vos pas dans Rome, et de paraître devant cette assemblée ! Oui, c’est à Messine, dans un pays allié de Rome, en paix avec elle, que s’est élevé ce monument de la cruauté de Verrès. Avait-il donc choisi votre ville pour que tous ceux qui arriveraient d’Italie vissent l’instrument du supplice d’un citoyen romain avant qu’un ami du peuple romain pût s’offrir à leurs regards. Cette croix, vous l’étalez aux yeux des habitans de Rhège, dont vous enviez le droit de cité qu’ils tiennent de nous ; vous la montrez aussi aux citoyens romains domiciliés dans vos remparts, afin qu’ils apprennent à n’être plus si fiers de leurs privilèges, et à vous dédaigner moins, en voyant les droits des citoyens immolés sur un infâme gibet.

XII. Je reviens aux statues que vous avez, dites-vous, achetées. Et ces tapis si connus dans toute la Sicile sous le nom d’Attaliques (30), avez-vous oublié de les acheter à ce même Heius ? Vous pouviez les acheter tout comme les statues : où donc est cet article ? Sans doute vous avez voulu épargner des écritures ? Mais non, juges, dans son imprévoyance, il ne s’est pas avisé de ce soin ; il a pensé qu’on s’apercevrait moins du vol d’un garde-meuble que de la spoliation d’un oratoire. Et comment s’y est-il pris pour enlever ces tapisseries ? Je ne puis vous donner là-dessus des renseignemens plus positifs que ceux que vous a donnés Heius lui-même. Lorsque je lui demandai si quelque autre partie de son mobilier n’était pas tombée dans les mains de Verrès, il me répondit que Verrès lui avait fait dire de lui envoyer ses tapisseries à Agrigente. Je lui demandai s’il les avait envoyées ; il répondit, comme il ne pouvait s’en dispenser, que, docile à l’ordre du