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Italie toutes ses rapines, a été construit et équipé dans leur ville. Pour tous ces bons offices, il les a tenus quittes de contributions, de corvées, de service militaire, en un mot de toute charge publique ; pendant trois ans ils ont été les seuls, je ne dis pas dans la Sicile, mais, si je ne me trompe, dans le monde entier, à cette époque, qui se soient vus dispensés, affranchis, libres de toute contribution, de toute contrainte, de toute redevance. Mais aussi c’est à Messine que furent instituées ces fameuses Verrea (24) ; c’est là aussi qu’eut lieu ce festin où Verrès se fit amener de force Sextus Cominius, où, sans pouvoir l’atteindre, il lui lança une coupe à la tête, où, serrant à la gorge, il le fit jeter hors de la salle, mettre le aux fers, et enfermer dans un noir cachot ; c’est là aussi que fut dressée cette croix où, sous les yeux étonnés de mille spectateurs, il attacha un citoyen romain ; cette croix qu’il n’eût jamais osé planter qu’au milieu d’une population associée à tous ses crimes, à tous ses brigandages.

XI. Et c’est pour parler en apologistes que vous osez vous présenter ici, Mamertins ! À quel titre ? est-ce au nom de la considération dont vous devez jouir auprès du sénat ou auprès du peuple romain ? Est-il une ville, je ne dis pas seulement dans nos provinces, mais chez les nations les plus lointaines, quelque puissante, quelque libre, ou, si vous voulez, quelque peu civilisée, quelque barbare qu’elle puisse être ; est-il un seul roi qui ne s’empresse de recevoir un sénateur du peuple romain, et de lui offrir les soins de l’hospitalité ? Cet hommage, ce n’est pas à l’individu qu’ils le rendent, mais d’abord au peuple romain, dont les bienfaits nous font parvenir à ce haut rang (25) ; puis ensuite à la di-