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X. Cette Phaselis, que prit Servilius (21), n’était pas, dans l’origine, un repaire de Ciliciens et de pirates : une colonie de Lyciens, peuple sorti de la Grèce, était venue s’y établir. Mais telle est sa position sur un promontoire qui s’avance dans la mer, que les corsaires de Cilicie, au sortir de leurs ports comme au retour de leurs courses, se trouvaient souvent contraints d’y aborder. En conséquence ils se l’attachèrent, d’abord par des intérêts de commerce, et bientôt par un pacte d’alliance. Messine, avant l’arrivée de Verrès, ne méritait aucun reproche ; elle était même l’ennemie des méchans. Ce fut elle qui arrêta les équipages de C.Caton (22), lequel avait été consul : il était cependant l’un de nos citoyens les plus illustres et les plus puissans. Mais son titre de consulaire n’empêcha point sa condamnation. Oui, Caïus Caton, petit-fils de deux grands hommes, de Paul-Emile et de Caton le Censeur, neveu, par sa mère, de Scipion l’Africain, fut condamné ; les tribunaux, et alors ils étaient sévères, prononcèrent contre lui une amende de dix-huit mille sesterces (23). Voilà pourtant l’homme contre lequel les Mamertins firent éclater leur colère, eux qui tant de fois ont dépensé, pour un seul repas offert à Timarchide, beaucoup plus que ne purent valoir les condamnations prononcées contre Caton !

xx Messine, pour ce détestable brigand, pour ce corsaire sicilien, est devenue une autre Phaselis : c’est là que toutes les dépouilles de la province étaient transportées et mises en dépôt chez les habitans. Tout ce qu’il avait intérêt de dérober aux recherches était par eux recelé, caché à tous les regards ; par eux il embarquait sans bruit tout ce qu’il voulait, et le faisait exporter furtivement. Enfin cet immense vaisseau, destiné à envoyer en