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de charmes pour Verrès. Heius avait dans l’intérieur de sa maison un oratoire (2) décoré avec la magnificence convenable, antique monument que lui avaient légué ses ancêtres. On y remarquait quatre statues renommées comme autant de chefs-d’œuvre, et vraiment faites pour charmer, je ne dis pas seulement un homme d’esprit, un fin connaisseur comme Verrès, mais des hommes ignorans, grossiers comme nous ; c’est ainsi qu’il nous appelle. L’une était un Cupidon de marbre, ouvrage de Praxitèle (3) : car, en recueillant des informations sur l’accusé, j’ai appris jusqu’aux noms des artistes. C’est le même, si je ne me trompe, à qui l’on doit cet autre Cupidon qui attire tant de curieux à Thespies (4), où d’ailleurs rien n’appelle les étrangers. Aussi lorsque Mummius enleva de cette ville les Thespiades que nous voyons près du temple de la Félicité, ainsi que d’autres monumens profanes, il ne toucha point à ce Cupidon de marbre parce qu’il était consacré.

xx III. Pour revenir à l’oratoire d’Heius, il s’y trouvait donc un Cupidon en marbre. Vis-à-vis était un Hercule en bronze d’un travail admirable. On l’attribuait, je crois, à Myron ; oui, je ne me trompe pas, à Myron (5). Deux petits autels dressés devant ces divinités annonçaient assez la sainteté du lieu. On y voyait encore deux statues d’airain, de grandeur médiocre il est vrai, mais d’une beauté parfaite. Elles avaient les traits et le costume de vierges, qui, relevant leurs bras sur leurs têtes à la manière des jeunes Athéniennes, soutenaient des corbeilles sacrées. Aussi les appelait-on Canéphores (6). Mais l’artiste, quel était son nom ? Son nom ! vous m’en faites souvenir, c’était, dit-on, Polyclète (7). Dès qu’un de nos concitoyens arrivait à Messine, il s’empressait d’aller voir ces chefs-d’œuvre. L’o-