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exigée en vertu de nouveaux règlemens ; lorsqu’en outre ou achète chaque année des grains au nom de la république ; lorsqu’enfin on exige du blé pour la provision des magistrats et des lieutenans, quelle si petite partie de ses récoltes peut-il rester ensuite au laboureur et au propriétaire, dont il puisse disposer pour sa consommation, ou pour en tirer quelque revenu ? Si les Siciliens suffisent à toutes ces charges ; si c’est plutôt pour vous et pour le peuple romain que pour eux-mêmes et pour leur profit qu’ils se soumettent à ces fatigues, à ces avances, à ces labeurs, faudra-t-il encore qu’ils soient tenus de supporter les ordonnances et les exactions inouïes de nos préteurs, le despotisme d’un Apronius, les vols et les rapines des esclaves consacrés à Vénus ? faudra-t-il donner gratuitement le blé qui doit leur être payé ? faudra-t-il aussi que, lorsqu’ils s’offrent volontiers à fournir gratuitement la provision du préteur, ils soient contraints de lui payer de grosses sommes ? faudra-t-il enfin que tant de lésions et de dommages soient accompagnés, pour eux, de révoltantes injustices et d’avanies ? Aussi, juges, n’ont-ils pu supporter des vexations si intolérables. Vous le savez, dans toute la Sicile les propriétaires ont abandonné la culture, et déserté leurs champs. De l’arrêt que vous allez rendre, je n’attends d’autre résultat que de voir, grâce à votre sévère et prévoyante justice, les Siciliens, nos plus anciens, nos plus fidèles alliés, les fermiers et les laboureurs du peuple romain, retourner, à ma voix et d’après mes conseils, à leurs champs et à leurs foyers domestiques.