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surprendre au milieu de ses injustices et de ses criminels projets. Et vous, Hortensius, comme si le sénat et le peuple romain eussent approuvé toutes les opérations, tous les projets de Marc-Antoine, vous allez m’alléguer son exemple pour justifier les attentats de Verrès !

xx XCII. Mais Sacerdos a fait de même. Vous ne pouviez citer un magistrat plus intègre et d’une sagesse plus reconnue : toutefois on ne peut admettre qu’il ait fait de même qu’autant qu’il aura agi dans la même intention. Car je n’ai jamais blâmé l’estimation en elle-même ; mais, pour être équitable, cette mesure doit être prise à l’avantage et de l’aveu des laboureurs. Comment trouver quelque chose à redire à une estimation qui, loin d’être défavorable au laboureur, est tout-à-fait conforme à ses vœux ? Lorsque Sacerdos arriva dans sa province, il requit sa provision de grains. Comme on était avant la moisson, le blé se vendait cinq deniers le boisseau. Les villes le prièrent d’estimer son grain. Son estimation fut un peu au dessous du prix courant ; car Sacerdos ne la porta qu’à trois deniers. Vous le voyez, la même estimation, vu la différence des temps, doit être louée dans Sacerdos et blâmée dans vous. De sa part, c’est un bienfait ; de la vôtre, une injustice. La même année, Antoine estima aussi son blé trois deniers ; mais c’était après la moisson, lorsque le blé était à vil prix, et que les cultivateurs auraient mieux aimé le lui fournir pour rien. Cependant il disait avoir suivi l’estimation de Sacerdos ; il n’en imposait point : mais, par la même estimation, l’un avait soulagé, l’autre avait ruiné les laboureurs. Si la valeur du blé ne dépendait pas entièrement des saisons, et que l’abondance de la récolte fût moins à considérer que le prix du boisseau, vos boisseaux et demi, Hortensius,