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sistance : vous avez vendu vos arrêts. Essaierez-vous encore de vous justifier en disant que d’autres l’ont fait ? Quand même je ne contesterais pas votre assertion, je ne pourrais cependant admettre ce moyen de défense. Il vaut mieux en effet, par votre condamnation, ne pas laisser à vos pareils une voie trop large pour justifier leurs actions perverses, que de paraître, par votre acquittement, donner raison à ceux qui ont commis les attentats les plus audacieux.

xx LXXXIX. Toutes les provinces gémissent, tous les peuples libres (80) se plaignent, toutes les monarchies réclament contre nos exactions et nos violences. Il n’est jusqu’à l’Océan aucun lieu assez éloigné, assez peu connu, où, de nos jours, l’injustice et la tyrannie de nos concitoyens n’aient pénétré (81). Désormais le peuple romain ne saurait résister, je ne dis pas à la force, aux armes, aux bataillons, mais au deuil, aux larmes, aux plaintes de toutes les nations. Avec un tel état social, avec de telles mœurs, qu’un accusé cité devant les tribunaux, et sans espoir de nier l’évidence de ses crimes, vienne dire que d’autres ont fait comme lui, sans doute les exemples ne lui manqueront pas ; mais tout support manquera à la république, si les coupables, en s’appuyant de l’exemple des méchans, échappent à la sévérité des tribunaux. Les mœurs actuelles vous plaisent-elles, juges ? Vous plaît-il que les magistratures soient exercées comme elles le sont aujourd’hui ? Vous plaît-il que nos alliés soient à jamais traités comme ils le sont à présent ? Pourquoi donc alors me donner tant de peine à vous convaincre ? A quoi bon rester sur vos sièges ? Croyez-moi, levez-vous, retirez-vous, sans me laisser continuer ma plaidoirie. Voulez-vous au contraire réprimer, autant que possible, tant d’audace et