Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Sicile, qui doit la dîme au peuple romain, donne, pour chaque boisseau, trois deniers, et qu’elle garde son blé. On vous a remis de l’argent, Verrès, tant pour acheter le blé nécessaire à votre maison, que pour acheter aux villes les grains qui devaient être envoyés à Rome. Non-seulement vous retenez par-devers vous l’argent qui vous a été donné, vous levez encore, en votre nom, des sommes immenses. Faites la même chose pour le blé qui appartient au peuple romain ; exigez des villes qu’elles s’acquittent en espèces, d’après la même estimation, et rapportez ce que vous aurez reçu : alors le trésor du peuple romain sera plus riche qu’il ne l’a jamais été. Mais, direz-vous, un tel arrangement pour le blé de l’état serait trop onéreux à la Sicile, qui l’a pu supporter pour mon grain. Ainsi donc cette estimation, juste dans votre intérêt, cesserait de l’être dans celui de l’état. Entre l’arrangement dont je parle, et celui que vous avez fait, quelle autre différence que celle de la somme ? L’injustice n’est-elle pas la même ? Mais un mode d’approvisionnement tel que le vôtre, les Siciliens ne peuvent en aucune façon le supporter. Oui, quand on leur remettrait toute autre imposition, quand ils seraient délivrés pour l’avenir de toutes les exactions, de toutes les calamités qu’ils ont souffertes sous votre préture, ils déclarent qu’ils ne pourraient en aucune façon se soumettre à vous approvisionner selon le même mode et la même estimation.

xx LXXXVIII. Sophocle d’Agrigente, homme très-éloquent, et qui réunit au plus haut degré les lumières et la vertu, parlant naguère devant Cn. Pompée, au nom de la Sicile, exposa les misères des cultivateurs de la manière la plus énergique et la plus touchante. Tous les assistans