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n’en ont paru que plus imposans dans leur témoignage, grâce à l’honneur que vous leur aviez accordé. Quelle dépouilles enlevées à l’ennemi, quelle victoire, quel butin, ou quelles sommes provenues de la vente du butin (74), vous avaient mis à même de faire ces gratifications ? Est-ce parce que, sous votre préture, il n’a fallu que l’apparition de quelques brigantins pour qu’une très-belle flotte, le rempart de la Sicile, la sûreté de la province, fût brûlée par la main des pirates ? est-ce parce que les campagnes de Syracuse ont, sous votre préture, été le théâtre d’incendies allumés par des brigands ? est-ce parce que le forum de Syracuse a regorgé du sang de ses capitaines de navire ? est-ce parce qu’un brigantin monté par des corsaires a pu voguer insolemment dans le port de Syracuse ? Je ne puis rien trouver qui m’explique ce qui vous a fait tomber dans cet excès d’extravagance, à moins peut-être que vous n’ayez eu pour but d’empêcher le public d’oublier le triste résultat de vos exploits. Un anneau d’or est donc décerné à votre greffier, et pour cette récompense une assemblée est convoquée. Quelle était votre contenance en reconnaissant dans cette assemblée des hommes aux dépens desquels cet anneau d’or était donné, qui eux-mêmes avaient quitté leurs anneaux d’or, et les avaient ôtés à leurs enfans, afin que votre greffier eût le moyen de soutenir le nouvel honneur qu’il tenait de votre munificence ? Mais quelle fut l’allocution qui précéda cette libéralité ? Sans doute vous prononçâtes l’antique formule des généraux : Attendu que dans le combat, à la guerre, dans le service militaire ; toutes choses dont il n’a pas même été question durant votre préture. Ou bien vous avez dû dire : Attendu que vous n’avez manqué aucune occasion de servir ma cupidité et mes dissolutions ; que dans toutes mes