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Votre greffier a pris, avec votre permission, un million trois cent mille sesterces(71); vous en faites l’aveu, et vous vous flattez ensuite qu’il reste pour vous quelque moyen de défense. Qui pourrait tolérer une telle exaction ? Quel est même celui de vos défenseurs qui, à cette heure, puisse en entendre parler de sang-froid ? Quoi ! dans une république où un C. Caton (72) citoyen illustre, personnage consulaire, a été, pour une somme de dix-huit mille sesterces, condamné à restitution ; dans cette même république, dis-je, votre appariteur s’est vu, sur un seul article, gratifié d’un million trois cent mille sesterces ? De là provient sans doute aussi l’anneau d’or dont vous lui avez fait don en pleine assemblée, libéralité empreinte d’un caractère d’impudence singulière, et qui parut à tous les Siciliens aussi nouvelle qu’elle m’a semblé incroyable à moi-même. Souvent nos généraux, après avoir vaincu les ennemis et bien servi la république, ont gratifié leurs greffiers d’un anneau d’or en présence de l’armée ; mais, vous, après quels services, après quelles victoires sur les ennemis avez-vous osé convoquer une assemblée pour faire vos dons ? Et ce n’est pas seulement votre greffier que vous avez gratifié d’un anneau : un citoyen très-estimable, et qui ne vous ressemble en rien, Q. Rubrius, distingué par son mérite, son rang et ses richesses, a reçu de vous une couronne, une chaîne et un collier (73) ; ainsi que M. Cossutius, l’homme le plus intègre et le plus vertueux, et M. Castritius, qui jouit d’une considération et d’un crédit égaux à son talent. Que signifiaient ces dons accordés à trois citoyens romains ? Vous avez en outre récompensé les Siciliens les plus puissans et les plus nobles ; — et ceux-ci, loin de se montrer, comme vous l’espériez, moins empressés à venir déposer contre vous,