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la dîme du canton de Leontium et des autres cantons, qu’ils l’avaient vendue conformément à la loi d’Hiéron, qu’ils l’avaient vendue à plus haut prix que vous, et qu’aucun cultivateur ne s’en était plaint. Personne, en effet, ne pouvait s’en plaindre, l’adjudication ayant été faite d’après la loi. Jamais les cultivateurs ne s’embarrassèrent du prix de l’adjudication ; car, qu’il soit plus ou moins élevé, ils n’en doivent ni plus ni moins. Le bail de la dîme s’adjuge en raison du produit de la récolte : il est même de l’intérêt des cultivateurs que la récolte soit tellement abondante que le bail monte aussi haut qu’il est possible. Pourvu que le cultivateur ne donne que sa dîme, rien de plus avantageux pour lui que de voir cette dîme affermée à un prix considérable. Mais je vous entends. Vous vous en tenez à votre dire, comme à votre plus puissant moyen de défense : Vous avez vendu fort cher les dîmes ; et le canton de Leontium, un de ceux qui produisent le plus, a été affermé deux cent seize mille boisseaux. Si je démontre que vous pouviez l’affermer davantage, que vous n’avez pas voulu l’adjuger à ceux qui enchérissaient sur Apronius ; enfin qu’Apronius a obtenu le bail à un prix beaucoup moindre que d’autres vous en auraient donné ; si je le démontre, Alba pourra-t-il, quoiqu’il soit le plus cher de vos amis, et même de vos amans, Alba lui-même pourra-t-il vous absoudre ?

LXIV. Je dis qu’un chevalier romain des plus estimés, Q. Minucius, vous offrit, au nom d’une compagnie non moins considérée que lui, d’ajouter aux dîmes de Leontium, oui, aux dîmes d’un seul canton, non pas mille, non pas deux mille, non pas trois mille, mais trente mille boisseaux, et qu’il n’eut pas la liberté de se rendre enchérisseur, de crainte qu’Apronius ne fût évincé. Ici