Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Diognole, à qui les impôts publics ont valu des profits si considérables, n’a pas un seul esclave à lui, ni même le moindre pécule (32). Doutez encore, si vous pouvez, qu’une si grande quantité de blé ait été perçue au profit d’un esclave de Vénus, huissier de Verrès, ou bien pour le compte de son maître. Ces faits vont vous être démontrés par la déposition des habitans de Tissa. Déposition officielle de la ville de Tissa. N’est-il pas évident que le préteur est le véritable décimateur, lorsqu’on voit ses appariteurs enlever le blé des villes, leur imposer des taxes en argent, et exiger pour eux, à titre de bénéfice, plus qu’ils n’auront, à titre de dîmes, à rapporter au peuple romain ? Telle a été l’équité de votre administration, Verrès ; telle a été votre dignité comme préteur, que des esclaves de Vénus sont, d’après votre volonté, devenus les maîtres des Siciliens ; telles ont été, sous votre préture, les distinctions et la différence des rangs, que les laboureurs ont été comptés parmi les esclaves, et les esclaves mis au rang des publicains.

XXXIX. Poursuivons. Les malheureux habitans d’Amestrate, après avoir vu leurs dîmes portées si haut qu’il ne leur restait rien, n’ont-ils pas été forcés de compter encore des sommes d’argent ? Les dîmes du canton sont adjugées à M. Césius en présence des députés d’Amestrate ; et à l’instant même Héraclius, l’un d’eux, est forcé de compter vingt-deux mille sesterces. Comment qualifier cet acte ? Quel brigandage ! quel abus de la force ! quelle spoliation de nos alliés ! Si le sénat d’Amestrate avait chargé Héraclius de se rendre adjudicataire, il l’aurait fait. Mais, si telle n’était pas sa mission, comment pouvait-il de son chef compter cette somme ? Il a fait la déclaration de ce qu’il avait donné à Césius. Lisez la déclaration