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sept mille médimnes de bénéfice, quoique la dîme n’en eût été portée qu’à dix-huit mille ; et ils furent obligés de lui payer cette indemnité au nom de la ville, quoique les laboureurs en particulier, déjà dépouillés, en proie aux exactions des décimateurs, eussent déserté leurs champs. La seconde année ce fut Apronius qui acheta la dîme pour vingt-cinq mille médimnes de blé. Bientôt il se rendit à Herbite avec sa bande de brigands. Le peuple fut forcé de lui donner vingt-six mille médimnes de bénéfice, outre une indemnité de deux mille sesterces. Quant à ce revenant bon, je ne sais s’il resta entre les mains d’Apronius comme un salaire de sa peine, ou comme le prix de son impudence. Mais cette grande quantité de froment, peut-on douter qu’elle ne soit arrivée comme le blé d’Agyrone dans les greniers de ce voleur si affamé de grains ?

XXXIII. La troisième année il se comporta dans ce pays comme s’il en avait été le roi. Les rois de Perse et de Syrie sont, dit-on, dans l’usage d’avoir plusieurs femmes, et d’assigner à chacune d’elles le revenu des villes, qui sont tenues de leur fournir, celle-ci les ceintures, celle-là les colliers, une autre la coiffure. Ainsi ils ont tous les sujets de leur empire, non-seulement pour témoins, mais pour ministres de leurs débauches. Voilà précisément ce qu’a fait Verrès qui se regardait comme le roi des Siciliens : il s’est permis les mêmes abus de pouvoir, les mêmes dissolutions. Eschrion de Syracuse a pour épouse Pippa, femme dont le nom est connu de toute la Sicile, grâce au libertinage de Verrès. C’étaient tous les jours sur elle de nouvelles épigrammes que l’on affichait jusque sur le tribunal, et au dessus de la tête du préteur. Cet