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plice par les dieux paternels, lui qu’on a vu traîner à la mort des fils arrachés du sein de leurs mères, et forcer des pères à lui payer la faveur d’ensevelir leurs enfans ? Tant de cultes outragés, d’autels profanés, de temples renversés(6), tant de statues enlevées de leurs sanctuaires, et jetées sans honneur dans les ténèbres et la poussière, ne permettent pas que son âme se repose un moment exempte d’égarement et de délire. Je ne le vois pas seulement courir au devant du coup qui doit le frapper ; pour lui qui s’est souillé de tant de crimes, ce n’est pas assez de la peine réservée aux plus avides concussionnaires(7) ; il me semble attendre un châtiment extraordinaire, et qui soit digne de son étrange et monstrueuse perversité ! Il ne suffira pas, alors qu’il sera condamné, de lui faire restituer à ceux qui les réclament, tant de richesses qu’il a ravies. Mais et les outrages faits aux dieux immortels, et les tortures exercées contre les citoyens romains, et le sang de l’innocence tant de fois répandu, voilà ce qu’il faudra que son supplice expie. Car ce n’est point seulement un voleur, mais un brigand cruel ; ce n’est point un adultère, mais le fléau de tout ce qui conserve quelque pudeur ; ce n’est pas un sacrilège, mais l’ennemi déclaré des autels et des dieux ; ce n’est point un assassin, mais l’impitoyable bourreau des citoyens et des alliés, que nous avons amené devant votre tribunal. Et tels sont les crimes de ce scélérat, que, ce qui n’est jamais arrivé à aucun accusé, il se trouva trop heureux que vous le condamniez(8).

IV. Car enfin, qui ne sent pas que si, malgré les dieux et les hommes, vous le renvoyez absous, rien ne pourra le soustraire à la vengeance du peuple romain ? Qui ne voit pas que nous devons nous féliciter, si le peuple romain