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SECONDE ACTION
CONTRE VERRÈS.
LIVRE PREMIER.

SUR SA QUESTURE, SA LIEUTENANCE ET SA PRÉTURE.
SIXIÈME DISCOURS.

I. Personne de vous, sans doute, n’ignore(1), juges, quel était ces jours passés le bruit public : on pensait généralement, parmi le peuple romain, que C. Verrès ne prendrait point une seconde fois la parole, et n’oserait se montrer encore devant le tribunal. Ce bruit n’était pas seulement fondé sur sa résolution hautement annoncée de ne point comparaître, mais sur la persuasion où chacun était qu’un homme couvert de crimes, et convaincu par tant de témoins, ne serait pas assez hardi, assez insensé, assez impudent, pour lever les yeux sur les juges, et pour présenter son front aux regards du peuple romain. Mais Verrès ne se dément pas, il agit avec audace ; il sait écouter avec effronterie. Ainsi vous le voyez devant vous(2), il répond, il m’oppose un défenseur. Une seule ressource lui restait dans le grand jour qui éclaire tant d’infamies ; son silence et son éloignement auraient pu au moins laisser croire que, malgré son impudence, il conservait encore quelque pudeur. Il n’en a pas profité ; je ne m’en