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peu d’étendue, n’en sont pas moins exacts, et ils suffiront pour vous mettre à même de conjecturer le reste. Lisez, je vous prie, ce premier mémoire ; vous passerez ensuite au second : Mémoires de Canuleius. Je ne demande pas encore, Verrès, d’où vous sont venues ces quatre cents amphores de miel et cette quantité d’étoffes de Malte, et ces lits pour cinquante tables, et tant de candélabres ; non, je le répète, je ne vous demande pas comment tout cela vous est venu : mais que prétendiez vous en faire ? Voilà ce que je suis curieux de savoir. Je laisse le miel de côté ; mais tant d’étoffes de Malte ! était-ce pour les femmes de vos amis ? Et tous ces lits ! vouliez-vous en décorer leurs maisons de plaisance ?

LXXV. Comme il n’est question dans ces registres que des exportations de quelques mois, vous pouvez, d’après cela, conjecturer ce qui en a été fait pendant les trois années de sa préture. Oui, je le soutiens, vous pouvez, d’après ces livres trouvés chez un simple régisseur de la ferme, vous faire une idée des brigandages que l’accusé a dû commettre dans la province, et pressentir sur quelle multitude d’objets de toute nature sa rapacité s’est exercée sans aucune réserve ! Quelle quantité d’argent, non seulement en numéraire, mais en objets travaillés, il a su se procurer ! J’éclaircirai ce point dans un autre temps. Aujourd’hui, remarquez, je vous prie, que les exportations relatées dans les livres de Canuleius ont fait perdre à la compagnie soixante mille sesterces (112) seulement sur les droits de vingtième que doit prélever la douane de Syracuse. Ainsi, en très-peu de mois, comme l’indiquent ces mémoires, peu importans et dédaignés, Verrès a exporté d’une seule place pour un million deux cent mille sesterces (113) d’effets volés. Calculez, juges, la position