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à leur compagnie ; mais ils sont incapables de trahir leur conscience et leur serment. Ainsi les chevaliers romains n’en ont pas moins prononcé votre condamnation, Verrès, quoiqu’ils aient désiré que le tribunal ne vous condamnât point. Juges, examinez maintenant si vous aimez mieux respecter leur désir que confirmer leur jugement.

LXXII. Mais reconnaissez, Verrès, à quoi vous servent et le zèle de vos amis, et vos intrigues, et la bonne volonté des associés ! Je vais dire toute ma pensée, car je ne crains point ici que l’on me reproche d’avoir parlé plus en accusateur qu’en homme sincère. Si les chefs des publicains n’eussent pas, en vertu d’un arrêté des décimateurs, fait disparaître les lettres, je ne pourrais faire valoir contre vous que les griefs que j’aurais trouvés dans ces pièces. Aujourd’hui qu’un arrêté a été pris, et que les lettres ont disparu, j’ai le droit de dire tout ce que je crois, et les juges peuvent étendre leurs soupçons aussi loin qu’ils le voudront. Je dis donc qu’une grande quantité d’or, d’argent, d’ivoire, de pourpre, beaucoup d’étoffes de Malte, beaucoup de tapisseries, beaucoup de meubles de Délos, et de vases de Corinthe, et de blé, et de miel, ont été exportés de Syracuse par votre ordre ; que vous n’avez point acquitté les droits à la douane ; enfin que Canuleius s’en était plaint à la compagnie qui l’avait chargé de la perception dans ce port.

Le délit vous paraît-il assez grave ? Je n’en connais point qui le soit davantage. Quelle sera la réponse d’Hortensius ? Exigera-t-il que je montre la lettre de Canuleius ? Dira-t-il qu’une inculpation de cette espèce devient nulle dès qu’elle n’est point confirmée par des preuves écrites ? Je me récrierai sur ce que les lettres ont été supprimées,