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encore me convenir. Il est bien vrai que si les statues avaient été mises en pièces, je ne pourrais vous les représenter ; tout ce que je pourrais dire, c’est qu’une ville respectable a jugé que les statues de Verrès devaient être abattues. Metellus n’a rien fait qui m’empêche de le dire encore ; il m’a procuré même un double avantage : d’abord je puis me plaindre, si je le juge à propos, qu’on use envers nos alliés et nos amis d’une tyrannie qui ne leur laisse pas même la libre disposition de leurs bienfaits ; en second lieu, il m’a mis à même de vous prier de pressentir ce que Metellus se serait permis contre moi dans les occasions où il aurait pu me nuire, lorsqu’il a déployé tant de passion dans une chose où il ne m’a fait aucun tort. Mais je n’en veux pas à Metellus, et je ne prétends nullement lui ôter l’excuse qu’il allègue, en répétant sans cesse qu’il n’a eu aucune mauvaise intention, et qu’il n’a rien fait à dessein.

LXIX. C’est donc un point constaté ; et vous ne pouvez le nier, Verrès : aucune statue ne vous a été offerte volontairement, et tout l’argent destiné à cet usage n’a été levé et ramassé que par force. Dans ce grief, je ne prétends pas faire connaître seulement que vous avez, sous ce prétexte, extorqué cent-vingt mille sesterces ; mais j’ai voulu surtout démontrer, ce qui l’était déjà pour ainsi dire d’avance, quelle est et quelle a été contre vous la haine des laboureurs et celle de tous les Siciliens. Cela posé, comment vous défendrez-vous ? Pour moi, je n’en imagine pas le moyen. Direz-vous : Les Siciliens me haïssent parce que j’ai beaucoup fait pour les Romains ? — Mais ceux-ci sont très-fortement prononcés contre vous, ils vous détestent cordialement. — J’ai les Romains pour ennemis parce que j’ai défendu et les droits, et les intérêts des alliés ? — Mais