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obligés par lui de rendre les biens d’Heraclius, et les Bidinins ceux d’ Épicrate. Le pupille de Drépane était aussi rentré en possession des biens que lui avait enlevés Aulus Claudius (94) ; et il était temps que Letilius vînt en Sicile avec des lettres (95), car il n’aurait pas fallu trente jours pour que Metellus détruisît tout ce que vous aviez fait durant les trois années de votre préture.

Et, puisque j’ai parlé des sommes que vous avez exigées des censeurs pour votre statue, il est bon de remarquer ce nouveau moyen d’attirer à soi de l’argent, et de mettre les villes à contribution forcée, sous prétexte de statues. Je vois en effet que la somme ainsi ramassée est immense : elle se monte à cent vingt mille sesterces (96) ; la déclaration et les registres des villes en font foi ; Verrès lui-même en convient, et il ne peut faire autrement. Quelle idée doit-on se former des actions qu’il nie, lorsque celles qu’il avoue sont si condamnables ? Car, enfin, que prétendez-vous nous faire croire ? Que tout cet argent a été employé à vous ériger des statues ? Je veux bien le supposer : mais le moyen d’admettre comme une chose tolérable que nos alliés se voient ainsi enlever tant d’argent, pour que le brigand le plus effronté de la terre ait des statues dans tous les carrefours de la Sicile, afin sans doute qu’on ne puisse plus y passer en sûreté nulle part ?

LVIII. Mais enfin en quel lieu, pour quelles statues une somme aussi considérable a-t-elle été employée ? On l’emploiera, dites-vous. Fort bien, attendons que les cinq ans fixés par la loi (97) soient révolus ; et si à cette époque l’argent n’a pas été appliqué à sa destination, accuserons-nous Verrès de concussion au sujet de ces statues ? Mais il est accusé de beaucoup d’autres crimes extrêmement graves. Dans ce vol seul, il s’agit de cent ving