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qu’ils paient tous se règlent sur le cens de chaque année, et que les censeurs ont toute autorité pour estimer les revenus et déterminer les contributions que chacun doit payer. Si le peuple prend les plus grandes précautions pour le choix d’un magistrat qui devient l’arbitre de toutes les fortunes, il n’est point de sollicitations que l’on n’emploie pour obtenir une dignité qui donne tant de pouvoir. Verrès, dans cette occasion, ne suivit point une marche secrète ; il ne voulut point éluder le sort ni retrancher des jours du calendrier. Il ne recourut ni à la finesse ni à la supercherie ; mais, pour mettre un frein aux prétentions des ambitieux, et prévenir ces intrigues qui ne perdent que trop souvent les républiques, il déclara que ce serait lui qui nommerait les censeurs dans toutes les villes. C’était annoncer qu’il allait tenir dans son prétoire un marché de magistratures. De tous côtés ou accourut à Syracuse ; on voyait s’agiter dans le palais du préteur la foule des solliciteurs et des intrigans. On ne doit pas s’en étonner ; tous les comices de tant de cités se trouvaient réunis dans une seule maison, et toutes les ambitions d’une province entière semblaient s’être donné rendez-vous dans une chambre à coucher. Le prix convenu publiquement entre les parties, et l’adjudication faite, Timarchide inscrivait deux censeurs pour chaque ville. Cet homme ne s’épargnait ni peines ni démarches ; il prenait sur lui tout l’embarras, tout le désagrément de la négociation, et l’argent arrivait au préteur sans que celui-ci s’en mêlât. Quant à Timarchide, vous ne pouvez vous faire encore une idée bien exacte de tout l’argent qu’il a gagné, quoique dans la première action beaucoup de témoins vous aient instruits des moyens aussi divers qu’odieux qu’il employait pour grossir son butin.