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ce C. Claudius. Dans tous les temps, et particulièrement dans cette circonstance, si Claudius a déposé contre Sthenius sur la falsification des registres, s’il a employé toutes sortes de moyens pour le perdre, Sthenius aurait-il confié ses intérêts à son ennemi ? Croyons plutôt, Verrès, que vous vous êtes couvert du nom de cet ennemi de Sthenius, afin de perdre plus sûrement celui-ci.

XLIV. Et, pour qu’il ne reste aucun doute sur la manière dont toute cette intrigue a été conduite, quoique je me flatte que la scélératesse de ce misérable est généralement connue, je vous prie de m’accorder encore un moment d’attention. Voyez-vous cet homme aux cheveux un peu crépus, au teint basané, qui semble nous dire, par la manière dont il nous regarde, qu’il se croit lui-même un grand génie, cet homme qui tient un registre à la main, qui est tout proche de Verrès, et qui lui donne un avis ? C’est ce C. Claudius qui était, dans la Sicile, le confident, le ministre, l’agent du préteur, et presque le collègue de Timarchide : maintenant il occupe un poste si élevé, que ce n’est qu’avec peine qu’il paraît céder au grand Apronius la première place dans l’intimité de Verrès ; aussi lui-même se disait-il le collègue, et le camarade non pas de Timarchide, mais de Verrès. Doutez maintenant, si vous le pouvez, que s’il a choisi cet homme pour lui faire jouer le rôle de représentant, ce ne soit pas parce qu’il était persuadé qu’il trouverait en lui le plus ardent ennemi de l’accusé, et l’ami le plus dévoué à ses propres intérêts. Et vous hésiterez, juges, à punir une telle audace, une telle cruauté, une telle injustice! vous hésiterez à suivre l’exemple des juges qui, après avoir condamné Cn. Dolabella (78), déclarèrent nulle la condamnation de