Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fervent de Vénus, il ajoute, par une disposition nouvelle et sans exemple, qu’en réparation du délit, cinq cent mille sesterces (72) seraient prélevés sur les biens de Sthenius, au profit de Vénus Érycine ; et à l’instant les biens furent mis par lui à l’enchère. Il les aurait vendus, pour peu que l’on eût différé de lui compter la somme. Après qu’elle eut été comptée, il ne s’en tint pas à cet acte d’iniquité ; il prononça publiquement, du haut de son tribunal, que si quelqu’un voulait accuser Sthenius, absent, d’un crime capital, il était prêt à recevoir la dénonciation. Ce n’est pas tout : il exhorta Agathinus, son nouvel hôte et son nouvel allié, à entreprendre cette affaire et à se porter accusateur. Celui-ci déclara hautement, et de manière à être entendu par tout le monde, qu’il n’en ferait rien, et que son inimitié contre Sthenius n’allait pas jusqu’à dire qu’il fût capable de commettre un crime capital. Tout à coup un certain Pacilius, homme pauvre et sans consistance, se présente, et dit que, si on le lui permettait, il dénoncerait Sthenius sans attendre qu’il fût de retour. Le préteur répondit que la chose était légale, autorisée par l’usage, et qu’il recevrait sa dénonciation. La dénonciation fut donc faite, et sur-le-champ, par un édit, Verrès ajourne Sthenius à Syracuse pour les kalendes de décembre. Celui-ci était arrivé à Rome ; malgré la mauvaise saison, il avait heureusement traversé le détroit, et rencontré partout plus de justice et d’intérêt qu’auprès du préteur, qu’auprès de son hôte. Il racontait ses malheurs à ses amis, et cette suite de procédés horribles et révoltans excita l’indignation générale.

XXXIX. Les consuls Cn. Lentulus et L. Gellius parlèrent aussitôt de cette affaire dans le sénat ; ils propo-