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fait appeler les Siciliens ; quelques-uns se rendent chez lui, parce que L. Metellus est préteur en Sicile. Il leur déclare que lui-même est consul ; que l’un de ses frères a obtenu la Sicile pour département ; que l’autre sera chargé des affaires de concussion ; que toutes les mesures sont prises pour qu’on ne puisse nuire à Verrès.

X. Qu’est-ce donc, je vous le demande, Metellus, que corrompre la justice, si ce n’est pas ce que vous faites ? si ce n’est à l’égard des témoins, tels que nos Siciliens, hommes timides et accablés de douleur, employer non seulement l’autorité pour les effrayer, mais encore la crainte du pouvoir d’un consul et de deux préteurs ? Que feriez-vous pour un homme innocent, pour un de vos proches, puisque vous oubliez ainsi vos devoirs, votre honneur, pour un homme pervers qui vous est absolument étranger ? N’est-ce pas vous exposer à rendre, aux yeux de ceux qui ne vous connaissent pas, certains propos vraisemblables ? Car on prétend que Verrès assure que ce n’est pas au destin(54), comme tous les autres consuls de votre famille, mais à son assistance, que vous devez le consulat. Ainsi deux consuls et un juge seront son ouvrage ! Non-seulement, dit-il, nous échapperons à un homme trop exact dans ses informations, trop esclave de l’estime du peuple, à Man. Glabrion, mais nous aurons encore un autre avantage. Au nombre des juges est M. Césonius(55), collègue de notre accusateur, homme d’une probité et d’une habileté reconnues dans la judicature ; rien ne nous serait plus défavorable que de le voir siéger parmi des juges que nous voudrions corrompre ; car, naguère, membre d’un tribunal présidé par Junius(56), non-seulement il a fait éclater son indignation contre les honteuses transactions de ses collègues, mais