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terces. Un jugement favorable à Heraclius, avait été rendu par un citoyen de Centorbe, prononçant entre deux concitoyens : le préteur annula la sentence, et déclara que ce juge avait mal jugé ; il lui interdit de paraître au sénat et dans les lieux publics, déclara que chacun pouvait le frapper sans qu’il pût porter plainte devant les tribunaux ; que, s’il était appelé en justice, il lui donnerait pour juge un officier de sa suite ; qu’enfin il ne lui donnerait action pour aucune poursuite. L’autorité de Verrès était si respectée, qu’il ne s’est trouvé personne dans la province qui ait frappé ce sénateur, quoique le préteur eût permis et presque commandé cet acte de violence, personne qui l’ait attaqué en justice, quoique Verrès eût donné pleine licence à la mauvaise foi ; mais enfin cette note infamante resta empreinte sur le front de cet infortuné tant que son persécuteur demeura dans la province. Après qu’il eut épouvanté les juges par cette rigueur nouvelle et sans exemple, pensez-vous qu’il y ait eu en Sicile un seul procès jugé autrement qu’au gré de ses fantaisies ? Se persuadera-t-on que son unique but était d’extorquer l’argent d’Heraclius ? Ne voulait-il pas s’ouvrir une source de richesses plus abondante, en s’assurant, sous la forme de jugement, le moyen de mettre en son pouvoir tous les biens et tous les revenus de ses administrés ?

XXVIII. Quant à la conduite qu’il a tenue dans les causes criminelles, est-il besoin de la suivre pas à pas ? Non, juges, parmi tant d’iniquités de la même espèce, je choisirai celles qui me paraîtront les plus révoltantes. Sopater d’Halicye, un des citoyens les plus riches et les plus considérés de cette ville, avait été accusé par ses ennemis d’un délit capital, devant le préteur C. Sacerdos. Il ne lui avait pas