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deuil, la barbe et les cheveux en désordre. Lorsque L. Metellus partit pour leur province, ils l’accompagnèrent avec d’excellentes recommandations. Dès que Metellus fut arrivé à Syracuse, il annula toutes les procédures et contre Épicrate et contre Heraclius. Mais de tous les biens de l’un et de l’autre il ne restait, qui pût leur être restitué, que ce qui n’avait pu être déplacé.

XXVI. Metellus s’était merveilleusement conduit à son arrivée dans la province ; car il s’attacha à réparer autant qu’il était en lui les injustices de son prédécesseur. Il avait ordonné qu’Heraclius fût rétabli dans ses domaines. Cette restitution ne s’opérant pas, tout sénateur syracusain, qu’ajournait Heraclius, fut conduit en prison, et il y en eut un fort grand nombre. Pour Épicrate, il rentra sur-le-champ dans ses propriétés. D’autres jugemens, rendus soit à Lilybée, soit à Agrigente, soit à Panorme, furent également réformés. Quant aux rôles d’impositions arrêtés par son prédécesseur, Metellus déclara qu’il ne les maintiendrait point, et que, dans l’adjudication des dîmes affermées par Verrès contre la loi d’Hiéron, il se conformerait à cette loi. En un mot, tous les actes de Metellus n’étaient autre chose que la réparation des torts de l’administration précédente. Dès que je parus en Sicile, Metellus changea. Deux jours avant moi était arrivé un certain Letilius, qui ne laissait pas d’être homme de lettres, aussi Verrès en avait-il fait son facteur(53). Cet homme, entre plusieurs lettres, en avait apporté une qui produisit la plus étrange révolution. Tout à coup Metellus déclara qu’il ferait tout pour Verrès, qu’il était son ami et son parent. Tout le monde s’étonnait qu’il ne s’en fût ressouvenu qu’après l’avoir déshonoré par tant d’actes et de décrets. Quelques-uns