Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le même temps, j’apprends qu’Hortensius a engagé les Siciliens à se rendre chez lui, et que ces députés, pénétrant ses motifs, n’ont point accédé à cette invitation, à laquelle rien ne les forçait de se rendre. Cependant les comices, qui m’intéressaient, et où Verrès croyait dominer, comme dans tous les autres de cette année, se sont ouverts. Vous eussiez vu cet homme puissant parcourir les tribus avec son fils, enfant plein de charmes, et qui ne manque point d’amis(51) ; vous eussiez vu ce fils rechercher les amis de son père, c’est-à-dire les distributeurs, les aborder tous, et prendre avec eux des arrangements. Mais on a pénétré le but de toutes ces manœuvres, et le peuple romain n’a pas voulu souffrir que celui qui, par ses richesses, n’avait pu me faire oublier mes devoirs, m’exclût par les mêmes moyens de la carrière des honneurs. Délivré des soins assidus qu’exigeait ma candidature, l’esprit plus libre et plus à l’aise, toutes mes pensées, toutes mes démarches, n’ont eu d’autre objet que cette cause. J’ai découvert, juges, que le but de mes adversaires a été de gagner à tout prix du temps, afin que la cause fût plaidée devant le préteur M. Metellus ; ils trouvaient en cela de nombreux avantages : d’abord M. Metellus était leur ami dévoué ; ensuite ils auraient pour eux Hortensius le consul, avec Q. Metellus(52). Et remarquez, juges, combien celui-ci doit servir les intérêts de Verrès ; car, en s’empressant de faire pour lui le premier usage de son autorité, il semble reconnaître que c’est de lui, avant tout, qu’il la tient(53) ! Avez-vous pensé que je garderais le silence sur de pareilles manœuvres, et que, dans un tel péril pour la république et pour ma réputation, je transigerais, en faveur de qui que ce fût, avec mes devoirs ou mon honneur ? L’autre consul désigné