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serait pas effacé, le sénat syracusain ne pût s’assembler dans cette enceinte, sans gémir et sans verser des larmes. Grace aux mêmes hommes avec qui Verrès était en communauté d’injustices, de vols et d’épouses(41), on vit, par ses ordres, et malgré le deuil et les gémissemens de tous les Syracusains, abolir les fêtes de Marcellus(42) ces réjouissances que, dans leur gratitude pour des bienfaits plus récens, ils se plaisaient à célébrer aussi bien en l’honneur de Caïus Marcellus(43) qu’en mémoire du nom, de la race et de la famille de ces grands hommes. Mithridate, devenu maître de toute la province d’Asie(44), n’y abolit point les fêtes Muciennes. Un ennemi, et un ennemi certes assez cruel et assez acharné, ne voulut pas cependant profaner ces honneurs consacrés par la religion en faveur d’un mortel. Et vous, vous n’avez pas voulu que les Syracusains destinassent une seule fête à ces Marcellus, sans qui, peut-être, ils n’auraient plus célébré aucune autre fête. Mais sans doute vous y avez substitué un plus beau jour encore dans ces solennités en l’honneur de Verrès, pour la célébration desquelles vous avez fait assigner les fonds nécessaires aux sacrifices et aux banquets pendant longues années. Mais n’insistons pas sur l’incroyable impudence du personnage, pour ne pas être forcés de nous abandonner sans relâche à la douleur et à l’indignation. Oui, le temps, la voix et les forces me manqueraient, si je voulais m’exprimer avec la véhémence que devrait inspirer tant d’impudence et d’infamie ! Une fête, grands dieux, en l’honneur de Verrès, chez un peuple que ses actes ont plongé dans l’excès du désespoir ! Oh ! qu’elles sont respectables ces Verrea(45). Est-il un seul lieu où vous ayez porté vos pas, qui ne doive célébrer ce jour ? Car, dans quelle maison, dans quelle