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contre sens également absurde, Desmeuniers traduit Ligur par Ligurien

(168). La fille du patron de Sulpicius. Il paraît d’après cela que C Sulpicius Olympus était un simple plébéien En effet les plébéiens étaient sous le patronage des patriciens. C. D.

Le patronage n’était point une institution du gouvernement consulaire ; il avait été établi par Romulus. Parmi les lois qui nous ont été conservées de ce grand homme, tout à la fois fondateur, guerrier, législateur et administrateur, on trouve celle-ci : Patronus si clienti fraudent faxit, sacer esto. Il avait déjà dit dans un autre article où il assigne aux patriciens leurs fonctions et leurs devoirs : Patres sacerdotia et magistratus capiunto ; plebeiis patroni sunto. Le patron était tenu de protéger le client et de faire valoir ses droits chaque fois qu’il avait besoin de son secours et pour que cet appui ne manquât point aux faibles dans les démêlés qui pourraient survenir entre les deux ordres, tout citoyen fut autorisé par une loi à tuer un patron qui aurait trahi les intérêts de son client. Il était regardé comme exécrable et il pouvait être tué impunément comme une victime dévouée aux dieux infernaux, homo sacer. Virgile a mis dans le Tartare ceux qui s’étaient rendus coupables de ce crime : Aut fraus innexa clienti.. — Les antiquaires disent que le patronage avait pris son nom de celui d’un compagnon d’Évandre nommé Patron qui longtemps avant Romulus s’était rendu le protecteur des pauvres. On a prétendu que le patronage établi par Romulus, n’était qu’une imitation des Athéniens et des Thessaliens. Mais quelle différence ! Chez ce dernier peuple, les protégés étaient avilis et soumis aux fonctions les plus abjectes : leur nom même était une injure ; ils les appelaient πενέστας, pauvres mendiants. Dans Athènes ils étaient esclaves, et leurs patrons avaient le droit de les battre de verges et d’user d’eux à leur gré, comme des animaux achetés à prix d’argent. Le nom qu’ils leur donnaient ne laissait aucun doute sur l’état d’abjection où ils croyaient avoir droit de les tenir ; ils les appelaient θῇτας Le mot client vient de καλέω parce que chez les Romains les clients étaient autorisés à réclamer les secours de leur patron devant les tribunaux dans les assemblées, au sénat, etc (Note de M. Gueroult)