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votre justice ; il a voulu, s’il ne pouvait se faire entendre, avoir du moins la consolation de voir revêtu d’habits moins fastueux celui qui, par un vol impudent, l’a réduit depuis plusieurs années à ne porter que les tristes vêtements de la misère (186). Ce n’était donc point son âge, Hortensius, mais sa cause ; ce n’était point son costume, mais son malheur qui vous paraissait populaire ; vous étiez moins inquiet qu’il fût venu avec sa robe prétexte que sans son collier d’or : car personne n’était blessé de le voir avec un costume autorisé par l’usage et par le droit de sa naissance ; mais chacun était indigné que cet ornement, dont son père avait décoré son enfance, comme marque distinctive de sa fortune et de sa condition, lui eût été arraché par un brigand. Ses larmes, que l’on voyait couler, n’avaient rien de plus populaire que les nôtres, que les vôtres, Hortensius, et que celles des hommes qui vont nous juger : car il s’agit ici d’une cause commune, d’un péril commun à tous ; nous devons par une défense commune nous prémunir contre les attentats d’une perversité qui, comme une incendie, menace de tout consumer. Nous avons des enfans en bas âge ; aucun de nous ne sait combien de temps il lui reste à vivre : mais, tant que nous respirons, nous devons veiller pour l’avenir à ce que leur enfance et leur abandon trouvent un appui assez fort pour les protéger. Et qui pourrait défendre la faiblesse de nos enfans contre l’iniquité des magistrats ? Leur mère ? Oui, sans doute, la mère d’Annia, cette femme d’un rang illustre, a été d’un puissant secours à cette jeune orpheline ! Vainement elle implorait les dieux et les hommes, Verrès en a-t-il moins ravi à sa pupille les biens de son père ? Ses tuteurs sans doute seront plus heureux à le défendre ? Vraiment la chose est facile avec un préteur