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présenta, parce que le temps parut trop court aux uns, et que les autres ne voulurent point se mettre sous la dépendance d’un homme qui aurait considéré cette affaire comme une proie qu’ils lui auraient enlevée ; car, est-il besoin de chercher dans quelles mains a passé cet argent ? Lui-même l’a fait assez connaître ; d’abord Decimus Brutus s’étant plaint hautement, quoique l’adjudication eût été fixée à cinq cent soixante mille sesterces, et qu’il les eût déjà payés de sa bourse, le préteur lui remit cent dix mille sesterces : certes, si cette somme eût été à prendre sur les fonds d’autrui, il n’aurait pu en disposer. En second lieu, l’argent fut compté à Cornificius, alors son secrétaire, il ne peut le nier. Ce n’est pas tout encore, les registres de Rabonius attestent que cet argent fut la proie de Verrès. Lisez les registres de Rabonius.

LVIII. À ce sujet Q. Hortensius s’est plaint, dans sa première plaidoirie, qu’un pupille eût paru devant vous en robe prétexte, et que l’oncle de Junius l’eût accompagné avec d’autres témoins pour déposer. Il s’est écrié que je cherchais à me rendre populaire, à soulever les esprits en amenant un enfant aux pieds du tribunal ; qu’y avait-il donc dans cet enfant de si populaire et de si dangereux ? Qu’aurait-on dit de plus si j’avais produit au milieu du Forum le fils de Gracchus ou celui de Saturninus, pour que son nom et le souvenir de son père soulevassent une multitude ignorante ? C’était le fils de P. Junius, d’un homme appartenant à la classe des plébéiens, un enfant que son père, en mourant, avait cru nécessaire de recommander à des tuteurs, à sa famille, et de mettre sous la protection des lois et des magistrats. Dépouillé par la plus inique adjudication non seulement des biens de son père, mais de tout ce qu’il possédait de son chef, il est venu réclamer