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Junius font de nécessité vertu, et se chargent eux-mêmes de l’affaire. Ils transigent avec Rabonius, ce zélé tuteur, et lui comptent deux cent mille sesterces pour une chose qui en valait tout au plus quarante mille. Rabonius se hâta d’en prévenir Verrès ; la somme suivant lui était assez forte, le vol était du moins assez impudent. Lui qui comptait sur beaucoup plus, traita fort durement Rabonius, et lui dit que cet arrangement ne pouvait le satisfaire ; il finit par déclarer qu’il allait mettre l’entreprise des réparations à l’enchère. Les tuteurs ignoraient tout : ils regardaient leur transaction avec Rabonius comme définitive, et ne craignaient pas de nouvelle lésion pour leur pupille. Le préteur ne perd point de temps : par son ordre, et sans qu’il y ait eu d’affiche ni de jour indiqué, on commence la criée dans le moment le plus défavorable, pendant les jeux Romains, lorsque le Forum était encore tout décoré. Cependant Rabonius avertit les tuteurs que leur transaction est annulée. Ils arrivent à temps : Junius, l’oncle, lève la main(180) : le préteur pâlit, ses traits s’altèrent, les paroles et la présence d’esprit lui manquent à la fois. Que doit-il faire ? Il songe que si l’adjudication est accordée au pupille, si l’émissaire aposté par lui-même n’obtient pas l’entreprise, c’est une proie qui lui échappe. Il imagine donc… quoi ? oh ! rien d’ingénieux, rien dont on puisse dire : Cela est méchant, mais adroit. N’attendez de lui rien qui soit d’un fourbe habile, d’un fin matois : en lui tout se trahit, tout se fait voir au grand jour ; impudence, folie, audace. Si les réparations, se dit-il, sont adjugées au pupille, ma proie m’échappe des mains ; quel moyen de la retenir ? quel moyen ? ne permettons point au pupille d’être adjudicataire. Mais que devient l’usage que tou-