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à la même condition. Il soutient donc qu’il ne doit pas être tenu à cette condition, qui ne pouvait être exigée de lui. Verrès l’invite à se tranquilliser, et lui laisse entrevoir quelque espérance d’avoir part au bénéfice. Rabonius était d’un caractère doux et flexible : il ne fut pas difficile de le réduire au silence, et Verrès arrêta définitivement que les colonnes seraient livrées d’aplomb. Cette disposition nouvelle et inattendue pouvait ruiner le pupille. On en fait part aussitôt à C. Mustius, son beau-père, qui est mort dernièrement ; à Marcius Junius, son oncle paternel, et à son tuteur P. Potitius, homme de mœurs austères. Tous ensemble vont en instruire un de nos plus illustres citoyens, M. Marcellus, dont on connaît la haute vertu et l’extrême obligeance, et qui était aussi tuteur de Junius(177). Marcellus se rend chez Verrès, il le prie, il le conjure, dans les termes les plus pressans, de ne point, par la plus criante injustice, enlever à Junius, son pupille, l’héritage de ses parents. Verrès, qui avait déjà dévoré en espérance cette riche proie, ne se laisse émouvoir ni par la force des raisons qui lui sont alléguées, ni par la considération personnelle qu’il doit à Marcellus. Il répond que la vérification se fera conformément à son ordonnance. Les tuteurs reconnaissent enfin que les pourparlers seraient désormais inutiles, et qu’ils en étaient à ne pouvoir plus même obtenir d’accès auprès de cet homme, aux yeux de qui ni le droit, ni l’équité, ni l’humanité, ni les sollicitations des parents, ni le zèle de l’amitié, ni l’autorité de la vertu, n’avaient aucune valeur au prix de l’argent. Ils arrêtent donc entre eux que le meilleur parti à prendre (et qui n’aurait eu la même idée ? ) était d’avoir recours à Chélidon. On sait que, pendant toute la préture de Verrès, cette femme fut l’arbitre des destinées du peuple romain, non-