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pour l’entretien des édifices publics(171) ? Vous avez entendu les victimes de ses exactions ; beaucoup d’autres pourront vous en parler ; des faits notoires et manifestes vous ont été rappelés, on vous en citera d’autres encore. C. Fannius, chevalier romain, frère de Q. Titinius(172), un de vos juges, a dit vous avoir donné de l’argent. Lisez la déposition de C. Fannius. N’allez pas, juges, croire le témoin Fannius ; et vous, Q. Titinius, croire votre frère C. Fannius : ce qu’il dit est incroyable. Il taxe C. Verrès d’avarice et d’impudence : ces reproches doivent s’adresser à tout autre qu’à lui.

Nous avons la déposition de Q. Tadius, intime ami du père de Verrès, et presque parent de sa mère, de nom et de naissance. Il a prouvé par ses registres qu’il avait donné de l’argent à Verrès. Lisez les registres de Q. Tadius. Lisez sa déposition. Ne croira-t-on ni ces pièces ni son témoignage ? Sur quoi désormais motiverons-nous nos jugements ? N’est-ce pas autoriser tous les délits et tous les méfaits, que de ne pas ajouter foi au témoignage des hommes les plus considérés, et de compter pour rien les registres des gens de bien ? Vous occuperai-je de ces sujets de plaintes qui reviennent journellement dans toutes les conversations du peuple romain ? de ce vol si remarquable par son effronterie et par sa nouveauté ? Dirai-je que dans le temple de Castor(173), dans cet édifice si auguste, si fréquenté, et qui tous les jours est ouvert à la curiosité et aux hommages du peuple romain, dans un temple où le sénat est très souvent convoqué, où sans cesse on vient en foule délibérer sur les affaires les plus importantes, dirai-je enfin que dans ce lieu, Verrès, bravant les discours du public, a osé laisser un monument authentique de son audace ?