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donner au préteur une somme considérable ? Quel moyen de la faire entrer dans leurs comptes et de se mettre à l’abri de toute poursuite ? ils n’en voyaient aucun. Ils ne pouvaient d’ailleurs imaginer qu’il serait assez malhonnête homme pour porter les choses aussi loin. Malgré les sollicitations qu’on leur fit, ils ne se prêtèrent à aucun accommodement. Verrès ne consulta plus que celui qu’il voulait gratifier de la succession. Voici son ordonnance ; elle est vraiment dans toutes les règles de l’équité : Considérant que la loi Voconia…(147) Qui aurait jamais cru que Verrès se déclarerait l’ennemi des femmes ? Ne s’est-il pas permis ces expressions contre elles, pour que l’on ne dît point que c’était Chélidon qui lui avait dicté toute cette ordonnance. Il veut, dit-il, mettre un frein à la cupidité des hommes : qui plus que lui en eut jamais le droit, je ne dis pas seulement de nos jours, mais même chez nos ancêtres ? quel mortel fut aussi éloigné d’être cupide ? Lisez donc, je vous prie, ce qui suit : car c’est un plaisir pour moi de voir en lui tant de sagesse, tant de connaissance des lois, tant de gravité dans ses décisions : Celui qui, à dater de la censure d'Aulus Postumius et de Quintus Fulvius(148), et depuis cette époque, l’a fait ou fera. A fait ou fera ! Remarquez ces mots ; qui jamais s’est exprimé de la sorte dans un édit ? qui jamais a, dans un édit, statué des peines et des nullités rétroactives pour de tels actes, faits dans un temps où il était impossible de prévoir ces dispositions ?

XLII. Conforme au droit civil, aux lois, à l’autorité des jurisconsultes, était le testament de P. Annius : il n’offrait rien qui blessât la probité, la nature, la société ; et quand il en aurait été ainsi, il ne pouvait être annulé par une jurisprudence établie depuis la mort du testateur.