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l’exécuteur. Je pourrais citer un grand nombre de faits, je me borne à un seul. Lisez : Restitutions imposées à Dolabella, préteur du peuple romain, pour des sommes qu’il a exigées. Attendu que la commune des Milyades… Ces contributions, Verrès, c’est vous qui les avez imposées, vous qui en avez fait l’évaluation, vous qui en avez reçu l’argent. Oui, je le soutiens, vous ; je dis plus, vous avez signalé la même violence et la même iniquité dans tous les cantons de la province ; partout vous avez enlevé des sommes énormes, porté partout le ravage et la désolation. Aussi M. Scaurus, pour accuser plus sûrement Cn. Dolabella, eut-il soin de gagner Verrès et de le tenir à sa discrétion. Ce jeune homme ayant, dans le cours de ses enquêtes, acquis la connaissance de mille larcins et infamies de Verrès, sut habilement profiter de ces découvertes : il lui montra un énorme recueil de ses prouesses, en rejeta ce qu’il voulut sur Dolabella, et fit paraître comme témoin Verrès, qui dit tout ce qu’il jugea pouvoir convenir à l’accusateur.

Certes, si j’eusse voulu me servir de témoins de cette espèce, de ceux qui furent les complices de ses vols, j’en aurais trouvé mille, qui, pour se soustraire aux conséquences de l’accusation, en se joignant à l’accusateur, se seraient soumis volontiers à tout ce que j’aurais exigé d’eux. J’ai rejeté toutes leurs offres ; je ne veux dans mon camp ni traîtres ni déserteurs. Peut-être doivent-ils être regardés comme plus habiles les accusateurs qui ont fait usage de tous ces moyens ; mais je suis plus jaloux d’entendre louer en moi le défenseur que l’accusateur.

Verrès n’ose point rendre ses comptes au trésor avant la condamnation de Dolabella ; il obtient du sénat