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structions. Ils arrivent à l’heure précise : on se met à table, la conversation s’engage, on parle de porter des santés à la manière des Grecs(109). Philodamus applaudit à la proposition ; chacun demande une plus grande coupe : la joie et les propos animent le festin. Lorsque Rubrius vit les esprits bien échauffés : « Dites-moi, je vous prie, Philodamus, dit-il, pourquoi ne faites-vous pas venir votre fille au milieu de nous ? » Cet homme respectable par la gravité de ses mœurs, par son âge et par son titre de père, demeura interdit à cette interpellation de l’impudent personnage. Rubrius insista. Philodamus, pour répondre quelque chose, dit que ce n’était point l’usage, chez les Grecs, que les femmes se missent à table avec les hommes(110). Tout à coup un autre s’écrie d’un autre côté : « Vraiment la coutume est absurde ; qu’on nous amène la jeune femme ! » et en même temps Rubrius commande à ses esclaves de fermer la porte et d’y faire sentinelle. Philodamus ne doute point que l’honneur de sa fille ne soit menacé ; il appelle à lui ses esclaves, il leur ordonne de ne point s’occuper de sa propre sûreté, et de veiller uniquement sur sa fille ; il veut enfin que l’un d’eux coure avertir son fils du malheur qui menace la famille. Cependant toute la maison retentit de clameurs ; violent combat entre les esclaves de Rubrius et ceux de son hôte. On voit maltraiter dans sa maison un homme respectable, le premier de sa ville. Chacun fait arme de ce qu’il trouve ; Philodamus est aspergé d’un vase d’eau bouillante, de la main même de Rubrius. Le fils, en apprenant ce qui se passe, accourt hors de lui-même pour défendre et la vie de son père et l’honneur de sa sœur. Les Lampsacéniens, à cette nouvelle, animés tous du même esprit, tous également émus et par la considération qu’ils