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jours il méditera de nouveaux attentats, toujours il cherchera à donner un libre essor à son audace, à sa perfidie. Aussi le même homme, que Dolabella prit dans la suite pour questeur, après le meurtre de Malleolus(58) (et je ne sais si ces nouveaux liens ne devaient pas être plus sacrés pour lui que les premiers, et si un choix volontaire n’impose pas plus de devoirs que celui du sort) ; ce même Verrès, dis-je, se conduisit envers Dolabella comme il s’était conduit envers Carbon. Il rejeta ses propres délits sur ce préteur, fournit des renseignements contre lui à ses ennemis(59) et à ses accusateurs, enfin déposa, avec la haine du plus méchant et du plus lâche ennemi, contre un magistrat dont il avait été le lieutenant et le proquesteur. Et l’infortuné(60) fut non-seulement victime de la plus noire trahison et du faux et coupable témoignage de son questeur, mais se vit encore en butte à l’indignation publique, pour des vols et des infamies dont ce misérable était presque le seul auteur.

XVI. Que ferez-vous, juges, d’un tel homme ? que pouvez-vous attendre d’un monstre aussi malfaisant, aussi perfide, qui, sans respect pour le sort qui l’attachait à Carbon, ni pour le choix spontané qui le rapprochait de Dolabella, ne s’est pas contenté de les abandonner l’un et l’autre, mais les a livrés, mais leur a porté les premiers coups ? N’allez point, juges, évaluer ces crimes d’après la brièveté de mes discours ; consultez, je vous prie, la gravité des faits, car il faut que je me hâte, pour pouvoir vous exposer tous ceux dont je dois vous informer. A présent que sa questure vous est bien connue, et que vous avez sous les yeux le tableau de ses vols et de ses forfaits dans cette première magistrature, écoutez ce