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time que le choix et la confiance d’une illustre province, que les intérêts de la république elle-même ? Que peut-il y avoir de plus utile à sa gloire, dans un moment où les tribunaux sont en butte à tant de haine, que de traduire devant eux un homme dont la condamnation puisse rendre à tout un ordre l’estime et la faveur du peuple romain ? que de mettre en évidence, que de persuader à chacun combien est coupable l’accusé qui est devant vous ? Et quel Romain n’a pas emporté de la première audience la conviction que, si l’on réunissait les crimes, les brigandages, les infamies de tous les condamnés jusqu’à ce jour, on y trouverait à peine quelque objet de comparaison avec une faible partie des attentats de Verrès ? Quant à vous, juges, votre réputation, l’opinion publique, le salut commun, réclament votre prévoyance et tous vos soins : tel est l’éclat du rang où vous êtes placés, que vous ne pouvez faillir sans compromettre la république et l’exposer au plus grand péril ; car le peuple romain ne peut espérer qu’il se rencontrera dans le sénat des juges équitables, si vous ne l’êtes pas vous-mêmes. Il faudra bien, si de l’ordre entier il ne peut plus rien attendre, qu’il cherche une autre classe d’hommes et une autre organisation judiciaire. Si vous attachez peu d’importance à cette révolution, parce que vous ne trouvez que peine et que gêne dans l’administration de la justice, vous devez sentir avant tout combien il est différent pour vous que vous déposiez volontairement ce fardeau, ou que le pouvoir judiciaire vous soit enlevé, parce que vous n’aurez pu donner au peuple romain la preuve de votre droiture et de votre intégrité : songez ensuite combien il sera dangereux pour nous(28) d’être cités devant des juges à qui le peuple romain aura, par haine contre vous,