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LES SEIGNEURS ENGAGISTES DE DOURDAN.

nité, les terres qu’il tenait du roi pour l’engagement de ce prêt, « sauf le droit qu’il avait sur ledit Dourdan de piéça. » — « Quant à nos héritiers, dit-il, nous leur laissons des héritages et autres biens assez… et nous supplions très-humblement le roy qu’il luy plaise diminuer ez bailliages les plus grevez de son royaume ladite somme de 80,000 livres tournois, afin que le pauvre peuple prie Dieu pour luy et pour moy[1]. »

Rentré, par ce codicille, en possession de Dourdan, François Ier en disposa, en 1522[2], en faveur d’un illustre capitaine, l’un des plus vaillants guerriers du xvie siècle, le sieur de Montgommery, seigneur de Lorges, dont il voulait récompenser les services, sans rancune pour la blessure involontaire qu’il avait reçue de lui, dit-on, l’année précédente, dans un jeu à Romorantin. La jouissance de Dourdan fut accordée à Montgommery pour dix années, avec son habitation dans le château et son chauffage dans la forêt. En même temps, Louis de Vendôme, prince de Chabanais et vidame de Chartres, marié à Louise, fille aînée de l’amiral de Graville, lui abandonnait la capitainerie de Dourdan, dont il avait été pourvu lui-même quelque temps auparavant.

Avant l’expiration des dix ans, le roi songea à distraire Dourdan de son domaine : car nous trouvons qu’en mars 1529 (n. s. 1530[3]), François Ier, le prisonnier de Pavie, s’étant engagé, par le traité de Cambrai, à céder à l’empereur, comme partie de sa rançon, les terres possédées en Flandre par la duchesse Marie de Luxembourg, douairière de Vendôme, donna à cette dernière, en compensation, avec le duché de Valois et le comté de Montfort, la terre et seigneurie de Dourdan.

Quoi qu’il en soit, en 1536 François dispose de nouveau de Dourdan. Cette fois, ce n’est plus en faveur d’un vaillant capitaine ou d’un fidèle serviteur, c’est pour l’amour d’une belle dame, sa puissante favorite, Anne de Pisseleu, comtesse d’Étampes. Être comtesse, c’était trop peu pour la maîtresse d’un roi. En choisissant Étampes pour y loger de France la plus belle, François voulut en faire un duché, et pour donner au présent plus de valeur, il y fit entrer les châtellenies de Dourdan et de la Ferté-Alès[4]. Pendant dix ans, la belle duchesse

  1. Ce testament, cité comme modèle, fut imprimé dans plusieurs livres d’église de l’époque, et on prétend que Richelieu le fit réimprimer pour le comparer au sien. Voir, pour la biographie de l’amiral de Graville, les intéressants détails donnés par M. Malte-Brun dans son Histoire de Marcoussis, charmant volume, chronique d’une châtellenie voisine de la nôtre. — In-8o, Paris, 1867.
  2. Lettres patentes du 4 décembre 1522, transcrites aux comptes du domaine de la même année.
  3. Archives de l’Empire, X1a. 8612, fo 202.
  4. « …Par ces présentes, unissons et incorporons les chastellenies, terres et seigneuries de Dourdan et la Ferté-Alès aux honneurs, priviléges, prérogatives, libertez, franchises, exemptions et prééminences appartenant à duché, sous une seule foy et hommage de nous et de nostre couronne, et sous le ressort immédiat de nostre Cour