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DOURDAN SOUS LES COMTES D’ÉVREUX.

presque dans les mêmes termes, cette détention de la princesse Jeanne dans le château qui, sous la plume des copistes, s’appelle tour à tour : Durdactum, Dardunum, Dordonum, Dordanum ou Dordan.

Louis d’Évreux laissa trois enfants : l’aîné, Philippe, eut le comté d’Évreux, et par sa femme, fille de Louis le Hutin, le royaume de Navarre ; le cadet, Charles, garda Étampes, Dourdan, Gien et autres lieux ; une fille, Jeanne, épousa son cousin Charles le Bel, et fut reine de France. Charles d’Évreux préféra à Étampes, dont la baronnie fut pour lui érigée en comté (1327), la résidence voisine, et plus modeste pourtant, du château de Dourdan. Attirée sans doute par la pureté de l’air, sa femme Marie d’Espagne, petite-fille de saint Louis, y vint faire ses couches et son fils aîné y reçut le baptême. Dédaignant la fraîche et large vallée d’Étampes, son antique cité, son vieux châtel du bon roi Robert, ses belles églises, son puissant donjon de guinette, naguère prison de l’infortunée reine Ingelburge, Marie aima mieux la paisible et plus étroite vallée de Dourdan, aux riches versants garnis de vignes et couronnés de grands bois, le manoir aimé de Philippe-Auguste et de saint Louis, le vieux village des Capétiens groupé autour de ses deux paroisses et de sa grosse tour.

Arrivé à ce point de son récit l’intéressant et aimable historien d’Étampes nous jette un regard d’envie, et, parlant des premiers comtes d’Étampes, il dit : « Possesseurs en même temps de la châtellenie de Dourdan, ils avaient établi dans cette ville leur résidence habituelle et se plaisaient à la doter de leurs faveurs. Étampes, en quelque sorte veuve et délaissée, n’avait que de loin en loin une part dans leurs bienfaits[1]. »

Charles ne négligea rien pour agrandir son domaine de Dourdan et lui donner de l’importance. Il acheta des terres, des prés, des maisons, et le trésor des chartes a conservé de tous ces achats des titres qui sont presque tous datés de Dourdan (1329-1333). Nous avons dépouillé avec soin ces actes et, dans une histoire locale comme celle-ci, on nous permettra d’en donner quelques extraits qui rappellent des noms connus ou oubliés dans le pays, indiquent les possesseurs des terres et des censives et fournissent sur l’époque des renseignements toujours précieux.

En 1329, Charles achète une maison « qui fut Jehan de Béville, sise à Dourdan devant le pont dou chastel, tenant d’une part à la méson Éclin de Buysson et d’autre part à la veuve Drappier[2]. »

En mars 1330, il achète « de Denis dou Tertre » deux arpents et

    Dans Jean de Saint-Victor on lit : « Soror Blanchæ Johanna apud Dordan fuit diu detenta, nec ibidem consortium viri sui potuit habere. » Le mot diu n’existe pas dans le manuscrit 306. (D. Bouquet, XXI, 658 J.)

  1. M. de Mont-Rond, Essai histor. sur la ville d’Étampes, tom. II, p. 3.
  2. Arch. de l’Empire, J. 166, 9.