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PERSONNES ET BIENS D’ÉGLISE A DOURDAN AU XIIIe SIÈCLE.

a été trouvé dans le jardin d’une maison du faubourg d’Étampes, non loin du quartier qui portait jadis le nom de Saint-Ladre, et s’appelle encore aujourd’hui le Madre. Ce sceau, en cuivre, de forme ovale, très-bien conservé et fournissant des empreintes très-nettes, a seulement perdu l’anneau qui servait à le suspendre. Il mesure 53 millim. de long sur 33 de large. Dans le champ est gravé un agneau avec un drapel en pal. Autour se lit, en beaux caractères du xiiie siècle, la légende suivante : sm prioris sci. lavrencii. ad. cas. (causas). Ce sceau aux causes était destiné à être apposé sur les actes judiciaires émanés du prieur[1].

A quelques centaines de mètres de Saint-Laurent, s’élève le coteau des Jalots, d’où la vue embrasse tout le panorama de Dourdan et de la vallée, et dont les pentes sablonneuses, garnies de bois médiocres, se couvraient sur plusieurs points, au xiiie siècle, de vignes étagées. C’est un des lieux les plus élevés du territoire de Dourdan, et, par sa situation, sa solitude, parfaitement convenable pour un monastère. Aussi, les religieux de Saint-Augustin de l’abbaye de Claire-Fontaine, dans la forêt Yveline, fondés ou tout au moins confirmés en 1164 par l’évêque Robert, et enrichis du privilége de mainmorte par Philippe-Auguste, en 1207, avaient établi aux Jalots une sorte de colonie rurale qui exploitait les anciens champs de Biaurepère (Beaurepaire), cachés dans un repli solitaire de la vallée, au pied du coteau, non loin de Roinville, et défrichait des terres couvertes de bois pour les rendre à la culture. La maison, comme les terres, était sur la paroisse Saint-Germain, et c’est encore une question de dîmes et de droit paroissial qui mettra les religieux des Jalots en concurrence avec les chanoines de Saint-Germain.

Le prieuré de Louye, bien qu’un peu plus éloigné de Dourdan, lui appartient réellement. Il formait, au xiiie siècle, le centre religieux le plus intéressant peut-être de son territoire. Il servait de retraite aux austères bons-hommes, qui suivaient dans toute sa pureté primitive la règle sévère de leur fondateur[2]. L’inventaire des biens de Louye, dressé en 1696, ne rapporte aucun titre qui puisse faire supposer que, pendant les xiie et xiiie siècles, cette maison ait eu d’autres possessions que l’enclos donné par Louis le Jeune et les rentes en grains et en argent concédées sur les Templiers de Paris par la reine Alix. Les reli-

  1. On pourra voir ce sceau dans la collection de la ville de Dourdan. Il vient d’être offert par M. Desjardins, qui l’avait trouvé dans le terrain de la maison qu’occupe aujourd’hui, au faubourg d’Étampes, M. Constant Clément.
  2. Tellement sévère, qu’elle fut modérée en 1247 par le pape Innocent IV, et par Clément V en 1309. Lors de la réformation de l’ordre, en 1317, la maison de Louye, dont le supérieur portait le nom de correcteur ou maître, fut érigée en prieuré-chef, et se vit annexer les monastères de Bois-Saint-Martin et des Moulineaux, au diocèse de Chartres, et celui de la Coudre ou de Sainte-Radegonde, au diocèse de Sens. — Voir Recueil de chartes et pièces relatives au prieuré de Notre-Dame des Moulineaux publié par M. A. Moutié. — Inventaire de 1696 et journal de dom Nicod. Archives départ. d’Eure-et-Loir. — Hermant, Hist. des ordres religieux.