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DOURDAN, DE PHILIPPE-AUGUSTE A PHILIPPE LE BEL.

et blaireaux se voyaient tout à l’entour, même au temps de de Lescornay, qui parle des chasses de Dourdan avec enthousiasme : « Les bois dit-il, fournissent quantité de cerfs, sangliers et chevreuils qui peuvent donner infinis passe-temps aussi bien que les loups qui se rencontrent souvent dans le pays. Mais le comble des plaisirs arrive quand ces grandes bestes se rembûchent dans des petits bois ou buissons qui sont au milieu de la Beaulce esloignez de la forest : pource qu’après avoir esté lancées, et qu’elles ont battu ces petits forts, elles sont contraintes de sortir et courir en plaine campagne, car lors on les voit avec toute la chasse, et les peut-on conduire de l’œil jusques à perte de veue sans aucun obstacle. Outre cecy la volerie y est très-belle, tant pour les hérons et canars que retiennent les estangs et la prairie, que pour les perdrix, corneilles et tous autres oyseaux qui y sont en quantité[1]. » Il a vu, ajoute-t-il, d’anciens comptes du domaine qui font mention des pains que devaient les habitants des Granges-le-Roy, tous les ans, à Noël, pour la nourriture des chiens de chasse, et aussi des gelines qu’ils devaient quand le roi venait à Dourdan pour la pâture des oiseaux de proie qui n’y étaient apportés qu’avec les rois. D’autres chapitres de ces anciens comptes ont trait à d’importantes recettes et dépenses de foins et d’avoines consommés sur les lieux par les chevaux de l’écurie du roi.

En consultant les anciennes tablettes de cire de Pierre de Condé, espèce d’agenda de l’intendance de la maison royale, nous avons rencontré aux comptes de l’écurie pour l’année 1284[2] mémoire de deux dépenses de cent livres faites à Dourdan, aux dates du 3 février et du 27 septembre.

Elles correspondent bien certainement à deux passages de Philippe le Hardi, dont elles nous donnent l’époque précise.

Si nous comparons ces dates avec la liste des étapes de ce prince, nous apprenons qu’il fit ces deux séjours à Dourdan, l’un en allant à Saint-Germain, l’autre en en revenant. C’est aussi la marche qu’avait suivie saint Louis, et que suivirent encore d’autres princes.

Nous nous garderons d’oublier ici un souvenir qui se rattache au règne de Philippe le Bel. Si nous consultons la liste des grands maîtres de l’artillerie de France, créés par ce prince bien avant l’invention du canon, pour remplacer les grands maîtres des arbalétriers, nous voyons figurer, comme le premier élu, en 1291, Guillaume de Dourdan[3].

  1. De Lescornay, p. 29.
  2. D. Bouquet, t. XXII, 458 a, 459 H. :

    « § 147. — Debet : Jovis in crastino candelosæ, apud Dordannum, Johannes Catus, c. l. per Marcellum. » (3 févr. 1284.)

    « § 158. — Debet : Mercurii ante sanctum Michaelem apud Dordannum, c. l. duo clerici, per Marcellum. » (27 sept. 1284.)

  3. On peut lire son nom inscrit en lettres d’or sur une plaque de chêne en tête du